lundi 6 novembre 2017

Où une artiste centenaire reconstituait à New York le climat de son Japon natal, un écrivain évoquait à propos de Martin Heidegger l'art culinaire désastreux des Allemands, tandis que le point revenait dans la réflexion sur l'état des civilisations de Marc-Aurèle et jacques Soustelle, où... etc...

Commençons par le climat et ce qu'en disait Montesquieu. Nos gouvernements seraient influencés par la pluie et le beau temps. Balivernes, ont jugé les scientifiques. Et puis voilà que la planète se réchauffe et les migrations reprennent. Est-ce notre caractère, nos moeurs, notre politique que le climat influence? Pas seulement. L'encre aussi.
Écoutons cette artiste japonaise centenaire.
Toko Shinoda.

"Si je peins une ligne droite à New York, elle sèche immédiatement à cause du climat. L’humidité au Japon fait que cette même ligne droite sèche progressivement. C’est ce que je préfère d’ailleurs. Lorsque je peignais à New York, je laissais couler de l’eau chaude du robinet dans la salle de bains..."

 Ensuite revenons vers la forêt humide et noire où ne se cachent pas seulement chevreuils et poètes. Ogres aussi.

"Allaient en pèlerinage chez Martin Heidegger surtout ceux qui confondent la philosophie avec l’art culinaire, un rôti, un bouilli, ce qui correspond tout à fait au goût allemand ".

Cette phrase de Peter Handke citée par Roland de Muralt convient tout à fait à ce moment du parcours vers Todtnauberg dans la Forêt Noire ou plutôt Totenauberg, tel que l'a imaginé Elfriede Jelinek qui n'en était pas à son premier monstre, ni à ses premiers morts.

Dès que j'ai lu le nom du village où H. avait un chalet et où il recevait ses admirateurs (mais Celan n'en faisait pas partie, même s'il s'y rendit après sa lecture à Francfort), j'y ai vu le nom de la mort. Malgré ma connaissance limitée de la langue, ce mot m'avait  semblé présent dans le toponyme.

Maintenant il y a aussi la réponse à la question posée à propos du mot Kindschaft.
Ou la traduction du texte de Gabriele Hasler,  Der Pfirsichmaschine, de l'allemand au français pour rendre cette machine mâchonnée dans la bouche.
Le français que je parle hésite à trouver ses mots.

Et le vent violent déracine.
Mots et sens, points et racines.
Confinée dans la chambre-bureau, volets clos, parce que le Petit pour dormir a besoin d'obscurité.
Sur la table, des livres, celui de Gabriele mais aussi Les quatre soleils, de Jacques Soustelle dans la collection terre Humaine qu'il me semble avoir lu dans le bibliobus qui venait dans la cité achélème où nous habitions à Marseille quand j'avais 16 ans.
Livre ramené d'Allemagne et relu ici, en même temps que Handke.
"Dans la vie de l'homme, la durée? Un point."
J'ai lu aussi Marc-Aurèle à peu près à la même époque.
Soustelle qui le cite vers la fin du livre ramène avec lui ce moment passé.
Et le point que nous sommes sur la flèche du temps. Marc-Aurèle, un beatnik rencontré sur la Canebière, m'en avait parlé. J'avais acheté le livre.
Il existe toujours ici.
"Tout ce qui est du corps n'est qu'un fleuve, ce qui est de l'âme un rêve, une vapeur."
Quant à la traduction du mot Kindschaft, le dictionnaire donne filiation. Un peu court pour la rêverie matinale.

C'est alors que le Petit, pour qui j'avais rangé - un peu - mon bureau, a posé sur la table une des multiples pierres que je ramène comme exorcismes possibles. La déposant sur la table à écrire, il a dit: elle est bien, là.
Elle va donc y rester.
Entre enfance et effroi.
Point. 






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