lundi 23 décembre 2019

D'André Frénaud à Catherine Colomb en passant par Caproni


Avant de parler de Catherine Colomb, j’ouvre un livre : La Sainte Face d’André Frénaud. Ce livre,  c’est la relecture de Caproni qui l’ouvre ce soir. Un compagnonnage qui permet de revenir d’Italie et de se ressouvenir d’un poète qui fut ami de Caproni et son traducteur. Qui a aimé Gênes, écrit sur elle. Et la première page du recueil évoque pour moi les soirées au bord du Léman, dans les romans de Catherine Colomb, quand la grenouille croasse. Et puis il y a Noël dont nous devons nous occuper, soigner ce qui peut l’être dans la blessure des dates et des rendez-vous annuels.


Pauvre fête

Le crapaud qui bruit, c’est la garniture et
et non le refuge et l’affreux espoir,
il pleure, il fait bon, c’est toi ou c’est moi
qui meurs ou qui chante, ou chantons Noël.

Si se relient pour moi Suisse et Italie, Italie et France, c’et à la fois à cause du soir qui vient et qui interrompt les activités du jour et permet le retour dans la bibliothèque, mais aussi parce que je perçois plus nettement, grâce à la lampe posée sur la table, le fil qui relie ce qui nous entoure, le même fil que je dessine sur les carnets et qui lie entre eux les dessins.

Je pense aussi en lisant Frénaud à Ramuz, mais ce soir c’est l’agitation étrange qui se joue dans les romans de Catherine Colomb, autour du château, au bord de l’eau, sur les grèves et sur l’eau, avec les enfants qui tombent des tours et n’en finissent pas de ne pas mourir, « l’affreux espoir » dont parle Frénaud, c’est celui que le lecteur éprouve en lisant la chute mortelle de l’enfant qu’a provoquée son oncle, qu’il va provoquer, chaque fois, revenant vers l’instant où rien encore n’est arrivé mais où tout peut arriver, comme dans Le temps des anges lorsque le père veut noyer son fils : « Brèche-dents, c’est vrai, six ans d’amour. » et le père se noie à la place du fils.

Il suffit d’ouvrir les livres.
Ceux de Catherine Colomb sont remplis de cruauté et de poésie. Le temps y est malmené. L’histoire reste présente, menace et réalité, troublant les familles et les ruinant.

« Voilà que l’enfant encerclée par le feu qu’elle vient d’allumer brise ses ongles sur la paroi et sa petite robe prend feu à cause de l’ouragan nommé Europe qui naît sur la prairie, emporte les mules entravées et suit la ceinture des tempêtes du monde, mais il faut se boucher les yeux et  les oreilles, ne pas regarder les mules volantes ni les coqs d’église qu’Europe arrache à leur clocher… »

Lire Catherine Colomb est une belle expérience de lecture. Les repères sont bousculés et le tourbillon du récit mélange les époques et nous oblige à virevolter à notre tour, changeant notre immobilité pour une tension active. Il y a là une énergie nouvelle à découvrir, redécouvrir sans cesse. Pour y retrouver toutes les enfances.

Le temps des Anges
Les esprits de la terre
Châteaux en enfance

23 décembre

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