Avant
de parler de Catherine Colomb, j’ouvre un livre : La Sainte Face d’André
Frénaud. Ce livre, c’est la relecture de
Caproni qui l’ouvre ce soir. Un compagnonnage qui permet de revenir d’Italie et
de se ressouvenir d’un poète qui fut ami de Caproni et son traducteur. Qui a
aimé Gênes, écrit sur elle. Et la première page du recueil évoque pour moi les
soirées au bord du Léman, dans les romans de Catherine Colomb, quand la
grenouille croasse. Et puis il y a Noël dont nous devons nous occuper, soigner
ce qui peut l’être dans la blessure des dates et des rendez-vous annuels.
Pauvre fête
Le
crapaud qui bruit, c’est la garniture et
et
non le refuge et l’affreux espoir,
il
pleure, il fait bon, c’est toi ou c’est moi
qui
meurs ou qui chante, ou chantons Noël.
Si
se relient pour moi Suisse et Italie, Italie et France, c’et à la fois à cause
du soir qui vient et qui interrompt les activités du jour et permet le retour
dans la bibliothèque, mais aussi parce que je perçois plus nettement, grâce à
la lampe posée sur la table, le fil qui relie ce qui nous entoure, le même fil
que je dessine sur les carnets et qui lie entre eux les dessins.
Je
pense aussi en lisant Frénaud à Ramuz, mais ce soir c’est l’agitation étrange qui
se joue dans les romans de Catherine Colomb, autour du château, au bord de l’eau,
sur les grèves et sur l’eau, avec les enfants qui tombent des tours et n’en finissent pas de ne
pas mourir, « l’affreux espoir » dont parle Frénaud, c’est celui que
le lecteur éprouve en lisant la chute mortelle de l’enfant qu’a provoquée son
oncle, qu’il va provoquer, chaque fois, revenant vers l’instant où rien encore
n’est arrivé mais où tout peut arriver, comme dans Le temps des anges lorsque
le père veut noyer son fils : « Brèche-dents, c’est vrai, six ans d’amour. »
et le père se noie à la place du fils.
Il
suffit d’ouvrir les livres.
Ceux
de Catherine Colomb sont remplis de cruauté et de poésie. Le temps y est malmené.
L’histoire reste présente, menace et réalité, troublant les familles et les
ruinant.
« Voilà
que l’enfant encerclée par le feu qu’elle vient d’allumer brise ses ongles sur
la paroi et sa petite robe prend feu à cause de l’ouragan nommé Europe qui naît
sur la prairie, emporte les mules entravées et suit la ceinture des tempêtes du
monde, mais il faut se boucher les yeux et les oreilles, ne pas regarder les mules
volantes ni les coqs d’église qu’Europe arrache à leur clocher… »
Lire
Catherine Colomb est une belle expérience de lecture. Les repères sont bousculés et le
tourbillon du récit mélange les époques et nous oblige à virevolter à notre
tour, changeant notre immobilité pour une tension active. Il y a là une énergie
nouvelle à découvrir, redécouvrir sans cesse. Pour y retrouver toutes les enfances.
Le
temps des Anges
Les
esprits de la terre
Châteaux
en enfance
23 décembre
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