mercredi 19 août 2020

 

Nous étions/sommes/serons des enfants habillés en grandes vieilles personnes que les petits reconnaissaient/reconnaissent/reconnaîtront, 
malgré les masques, comme leurs contemporains 
tandis que des adultes ne nous voyaient/voient/verront/plus que comme des gens âgés 
à protéger/cacher/éloigner du monde 
dont ils se croyaient/croient/croiront les dépositaires et maîtres.
L'usage de la grammaire nous avait/a/aura appris ce qu'il en est du temps des verbes et de leurs conjugaisons au présent.
 


samedi 15 août 2020

signé Ich

 

habillée de bleu on s’assoit au fauteuil et à la table on devient Ich à son tour devenant écrivain écrivant face à porte et fenêtre œil ouvert à vif un œuf couvé sous soi devant derrière Ich s’asseoit pour écrire n’importe quoi pourvu que ça ligne que ça trace des noms au crayon gris celui affectionné par Robert Walser s’efforçant d’oublier la maldisance qui sonne à l’oreille douloureusement ça se met à l’écoute des modestes ça se veut humilité ça dit modestement ce que ça écrit à peine et en retrait tout en se tenant au bord prêt à tomber au moindre mais non se redressant délivré des bruits et du poids que fait la carrière où Ich renaissant se tord les pieds et les genoux à force de vouloir et plus n’a besoin d’eux, mains seulement tenant une petite fille elle aussi bleue Opal Whiteley assise sur son poing en face du creux aux murmures là où paisiblement s’endort le cheval nommé par elle William Shakespeare là où la main endosse oubli et persévérance une pierre-prière serrée fort sans oublier les noms de fleurs d’insectes de rois de reines de cochons et de chiens et les plus lourds secrets que l’on met dans ses poches avant d’entrer en classe--------------------comme une fièvre cachée un boeuf aux genoux écorchés----------puis--------Ich disparaît dans ce qui lui monte aux joues et possède encore la timidité de la couleur rose -------------ce que Ich et moi--------n’arriverons pas à accomplir s’interrompt au pied de l’arbre………….limpatience s’endort jusqu’à la saison prochaine foi d’animal de jardin en plaine et de course en sac———————————————à bientôt, signé Ich

 

jeudi 13 août 2020

Ich se demande où a disparu son nom

 Ich se demande où est passé son nom, c'est-à-dire, hum, hum, ich, io, je. 

Sa fatigue coule sur son visage, son visage coule depuis sa fatigue, Ich coule. L'été produit ce genre de phénomène chez les humains. Les animaux choisissent généralement de ne pas bouger. Rien ne les y oblige. 

Ich est en nage. En eau.

C'est dégoûtant, mais Ich continue à faire des petits paquets bien fermés sur lesquels il colle une étiquette.

Ich  s'essuie régulièrement les mains à un torchon vert. Un travail comme un autre, pense-t-il. Et il évite de se retourner pour voir comment elle le regarde. Car Ich sait qu'elle est là.

Elle, autre ich, une fatigue comme une autre.

Elle a dit devant Ich, à l'enfant qui jouait trop vite, que plus tard l'enfant serait libre mais que pour l'instant il devait.

Obéir. Ich a pensé moi aussi j'obéis. Je ne suis donc pas libre?

Donc, quel mot.

J'obéis à mon ventre par exemple. Ce qui entraîne une sorte de fatigue.

Serons-nous libres un jour de ne pas lui obéir, se demande Ich en poursuivant ses travaux matinaux. C'est comme le genre, enfin, on pourrait un peu désobéir, dire la lièvre et un araignée, ce serait bien, non?

Annie Dillard ne répond pas. Sans doute inquiète des dérives de Ich. 

Tu sautes du coq à l'âne, pourrait-elle dire.

Sagesse d'Annie : se taire.

Ou bien juste : Ich, et puis silence.

Ich se demande où a disparu sa liberté en regardant ses doigts remplis de colle. Ça pègue, pourrait-il encore dire à Annie, mais une américaine n'y comprendrait rien.

Il y a encore du travail devant Ich. Alors il faut le faire. C'est tout.