Seul le silence m'a répondu. Mon parent se réfugie dans le mutisme de plus en plus, ai-je constaté. A l'approche de la soutenance, me suis-je encore dit.
Tu connais le Nozon?
collage SD |
Il a relevé le nez. Comme s'il me découvrait en face de lui, l'air stupéfait.
De quoi tu parles?
C'est vrai, il est tôt. Et le café n'est pas très bon.
Je ne vois pas du tout où...
En Suisse encore.
Bosseigne a grogné. S'est fait une tartine de miel. A replongé.
Tu connais Nizon?
Là j'ai cru qu'il allait renverser sa tasse de café. Il a eu l'air indigné.
Tu m'as déjà posé la question, non?
Non. J'ai parlé du Nozon qui est un petit cours d'eau, un riviéraut si tu préfères.
C'est un mot suisse?
Non, je ne crois pas. C'est venu comme ça, devant cette eau courante, joyeuse et fraîche. Suisse.
Bien. (Ceci pour en terminer?)
Paul Nizon est un écrivain suisse.
Ah?
Mais de Suisse romande, alémanique.
Et...?
Rien. J'aime cette proximité bizarre qui me semble à l'image de la Suisse.
Cette phrase devait explication. Mais Bosseigne n'avait pas l'air de cet avis. Fatigué, mon Bosseigne, cher parent mis à l'épreuve jour après jour.
Allez, vas-y, dis ce que tu as en tête au lieu de rester nez en l'air. Je ne suis pas fâché d'arrêter mes ruminations textiles.
Eh bien...Nizon est un écrivain qui m'intéresse, masculin, très masculin. Et le Nozon dont le nom comme ses rives évoque les noisettes a tout du ruisseau féminin et tendre.
Oui. Les noms ont de ces parentés fausses comme tu les aimes...
Est-ce que tu crois que re-garder, c'est garder en soi deux fois au moins?
Ma chère, tu as plus d'énergie le matin que moi. On voit que tu as bien dormi, alors que moi...
Ne t'inquiète de rien, je m'occupe du fauteuil de ce pas.
Et j'ai laissé mon parent bouche bée et suis partie téléphoner à la dame du fauteuil.
Allons, du nerf, il s'agit de mon parent tout de même.
Et de son fauteuil.
Hérité qui plus est de ma mère, sa parente!
Au travail!
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