Nostalgie,
mal des Suisses
C’est en
lisant un anglais parlant de son amour des oies sauvages que je redécouvre avec
lui la nostalgie suisse. William Fiennes, jeune universitaire, est frappé par
la maladie et se retrouve hospitalisé, puis en convalescence dans le seul
endroit au monde dont il rêve, la maison familiale, au centre d
l’Angleterre, chez ses parents. C’est là qu’il ressent la nécessité
d’entreprendre un long voyage en forme d’odyssée à la suite des oies sauvages
qui migrent vers l’île de Baffin. Nécessité de partir, nécessité du retour, il
évoque ces états contradictoires d’une manière particulière, usant de
descriptions d’une grande précision pour masquer sans doute les sentiments qui
le traversent, évoqués tout de même, mais à peine. Il fait de longues
promenades avec son père autour de chez lui mais ne dit rien de la relation qui
les unit. En 1688, un
médecin de Mulhouse décrit un étrange mal auquel il va donner le nom de
nostalgie, forgé sur deux mots grecs, nostos
, le retour et algie la
souffrance. Ce mal, dit-il, frappe les Suisses plus que tout autre peuple. À la
suite de Johannes Hofer, les allemands utiliseront le terme de Schweizerkrankheit, la maladie des
Suisses. Un peu plus tard, en 1705, un autre médecin, suisse cette fois, donna
comme explication scientifique à cette maladie l’accroissement de la pression
atmosphérique insupportable dès que les Suisses s’éloignaient de leurs montagnes.
Et tout cela en liaison à la fois avec les migrations des oies et le voyage de
William Fiennes, tout en conservant le souvenir de l’Odyssée qu’il cite à plusieurs
reprises.
Le narrateur parle peu de lui, donne de nombreuses
informations scientifiques, rencontre des gens, une voyageuse dans le Greyhound
qui lui découvre son amour du linge propre et repassé, allant jusqu’à lui
raconter des éléments de sa vie personnelle, alors que lui ne lui raconte rien. Ulysse permet au narrateur d’exprimer sa nostalgie, alors qu’il se sent mal
dans sa chambre de motel : « son cœur se brisait en larmes , gémissements
et chagrins. » Jamais aucun jugement sur ses compagnons de rencontre ni sur une Amérique bruyante et violente où les
armes à feu sont omniprésentes.
Le livre
offre avant la lecture proprement dite une carte et je crois que c’est toujours
le désir de découvrir un territoire inexploré, secret, retenu
dans les plis du papier qui fait scruter les lignes, les points, le tracé des
rivières et des routes comme si on était le seul à pouvoir mériter cette
découverte ! Le jeune narrateur, dans sa quête des oiseaux
blancs, tente à son tour de tracer sa voie. Une fois sur l’île de Baffin, qu’aura-t-il
trouvé qu’il ne savait déjà ?
Ce
matin, lorsque je me suis levée et me suis avancée dans le jardin, encore noyée
dans le sommeil, la corneille m’a saluée, perchée sur le cyprès, à l’entrée du
chemin.
Recommencement
possible, a-t-elle corbiné de sa voix rauque.
Allons-y,
lui ai-je répondu.
Merci vraiment encore pour ce texte, j'aimerais bien le faire lire à cet ami qui a été en poste en Suisse et qui a monté les semaines suisses à Uzès.
RépondreSupprimeraucun problème!
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