samedi 2 mai 2020

35/Ich aurait aimé écrire


(35)



Plutôt que dans des choux les enfants ont dû naître au cœur des artichauts.
Bien au chaud, dans le creux des larges feuilles grises.
Ich les aperçoit venir au jour dès qu’ils commencent à grandir.
Leur peau violette brille dans la grisaille. Il va falloir penser à les récolter.
Ils réconcilient le jardinier qui a trouvé le nid des mésanges déserté.
Par contre, au mur nord de la maison, entre planche pourrie et terre, la fougère a reverdi. Ramenée d’une forêt, elle a pris racine ici. Dans le jardin.
Si loin de son lieu natal.
Tout ici donne lieu à observation. Parfois sourire, parfois tristesse.
Le tulipier est à nouveau couvert de tulipes.
Il semble dire une éternité.
Pas la nôtre, la sienne, pense Ich. Il est devenu si grand et beau, Ich essaie de se souvenir de son état quand il l'a planté.

Un ami poète a écrit :
« Jardin est ton monde
J’aurai lieu tout le temps »

Ich aurait aimé écrire ces deux vers. Et s’en souvenir toujours. Ich a peu de mémoire et tremble dès qu’on le questionne sur l’origine des mots et des phrases.

Au jardin il faut parfois nommer : bourrache, aristoloche, clérodendron.
Jardin est labyrinthe de mémoire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire