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Ich s’étonne.
Beaucoup de ce qui
arrive.
Par exemple ce matin,
le chien du petit-déjeuner, qui semblait l’attendre dans le jardin, prêt à
jouer puis hop ! disparu dans le champ d’artichauts.
La délicieuse
confiture de nèfles aussi l’étonne.
Si bien réussie.
Le rat gros et gris
qui semblait endormi dans le poulailler l’a surpris et même effrayé.
Le récupérer avec des
pincettes et le fourrer dans un sac.
Ich est étonné de
pouvoir le faire.
La chaleur si vite
revenue qu’on peut manger dehors à 7 heures du matin l’étonne.
La survenue du chien,
un cadeau.
La confiture aussi.
La chaleur aussi.
Et la lecture ce
matin des poèmes de M. l’a étonné. Elle allait très bien avec le goût délicat
des nèfles et surtout la fin :
« Soyons
intimement lointains »
a écrit le poète. Ich
déguste ce vers. Il sait qu’il l’offrira à un ami.
Manger et lire sont
des activités compatibles, Ich le sait depuis l’enfance, lorsque, revenant de
l’école, il s’installait dans l’appartement vide et goûtait tout en lisant
Stevenson, un de ses auteurs préférés, La Flèche noire par exemple.
Nous avons beaucoup à
vivre, se dit Ich, et il en reste si peu ensuite.
Comme d’un corps, le
tas de cendres dans un vase, si peu.
C’est étonnant qu’un
corps tienne en un si petit récipient.
Où est la place des
souvenirs, des rêves et des désirs ?
Ich s’étonne :
que sont-ils devenus ?
Tellement et puis si
peu.
Rien ?
SCZ |
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