Dasai, l’écrivain
japonais, aimait les mauvaises herbes ou du moins, avouait-il, sa paresse le
poussait à les aimer. Tout en regardant son frère désherber activement, frère dont
il était l’hôte après la destruction de sa maison pendant les bombardements, il
se régalait à ne rien faire contre les pousses mauvaises qui envahissaient le petit
jardin.
Ich, lui, les aime
presque toutes sauf une, malgré son nom que certains trouvent séduisant et de bon ton.
Il lui voue même une
sorte de haine mêlée de dégoût. Son odeur pour lui annonce déjà sa nocivité et
ses ridicules petites fleurs tubulaires ne présagent rien de bon.
L’arrachage n’en est
pas difficile mais malodorant.
Ich aime le compagnon
blanc, la pariétaire, le bouton d’or et même l’ortie.
Et puis le chant des
oiseaux intarissable de jour comme à la nuit tombée et l’envol d’une huppe
surprise. Tout au jardin plaît à Ich, sauf, vous l’aurez reconnue, la puante
aristoloche.
Bien que ce nom rime
avec Gavroche et le sympathique galoche, pour Ich elle reste sa pire ennemie.
Mais il sait que
l’arracher ne sert qu’à la rendre invisible peu de temps. Son entêtement à
survivre dépasse l’entendement.
Une de ses amies,
pour plaider la cause de l’infernale plante, lui a expliqué avec force détails
qu’elle attirait un papillon rare sur ses fleurs et qu’il fallait donc la
protéger.
Ich a écouté.
Il aime bien cette
amie des papillons.
Quand elle est
repartie sur son vélo, Ich a repris l’arrachage des aristoloches rescapées.
Tout en pensant au
jardin du frère de Dasai, acharné lui aussi à traquer les mauvaises herbes,
Ich se rassure en se disant que sa seule
ennemie, c’est elle, l’aristoloche et rien ni fera, même son nom de princesse moche,
et ravi de sa trouvaille, il repart en sifflotant vers le tas à
brûler.
Ich a l’âme jardinière
aujourd’hui.
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