La musique, tu connais mieux que moi, dit Bosseigne.
Non.
Je ne connais que ce bonheur qui me vient en écoutant les fugues de Bach, mais je ne sais rien de la musique.
Oui.
Cette jeune femme et son violoncelle, hier. Dans un étui blanc. Et alors ce titre que tu déposes sur la nappe.
En si mineur.
Evoque pour moi une hypothèse modeste. Un chant issu des profondeurs.
A cause du mot mineur, tu vois des galeries. Joséfine la souris dans la colonie pénitentiaire.
Nous nous sommes regardés et avons haussé les épaules en même temps. Mon parent et moi, si proches parfois, au point d'avoir les mêmes réactions. Mais parfois, deux chiens ennemis. Mais là, ce matin, amicaux, tout simplement, grâce au café excellent.
Je te traduis au débotté.
Peau contre peau,
l'ombre contre l'ombre,
avec le désir de renaître encore,
furieux et muets.
Feindre de ne plus écrire, extase.
Extase, écrire encore.
Les pierres deviennent le vent, si on les regarde.
Roulent libres, légères.
Flammes fusées dans l'air, délivrées de la terre,
elles choisissent leur commencement.
Il y aura la mer, demain. Un bleu illimité.
(En si mineur, de Marco Ercolani, edizioni Smasher)
Et nous, quand ce fauteuil sera revenu, qu'allons-nous devenir?
Question sans réponse, Bosseigne; il faut attendre et espérer.
Ce qui revient au même en espagnol, non?
Là, en italien, aspettare...
Et toi, tu crois que ce fauteuil va changer notre vie?
En tout cas, notre attente en sera modifiée.
Mon parent est ainsi, toujours à chercher plus loin que la table blanche du petit déjeuner sous le figuier.
Mais ce poème pour aujourd'hui, avec le vent qui fait rouler les pierres et les rêves ensemble.
Demain, la mer.
Nous rêvons.
En même temps, aux mêmes choses.
Le bleu sans limites où se noyer la nuit, en silence.
Pluie d'été?
Demain.
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