L'une d'entre elles me conduisant à la folie, je l'ai écartée d'entrée. Malgré sa grande séduction, je l'écarte encore vigoureusement aujourd'hui, quand elle se fait trop pressante.
Et puis je suis sûre d'une chose: ce fauteuil a réellement existé. Je l'ai bien connu et fréquenté du temps où il trônait encore chez ma mère. Ensuite, je l'ai vu chez Bosseigne, après que ma mère lui en avait fait don. Et Bosseigne est un garçon solide.
porte-bonheurs et amulettes |
La Tapissière, me suis-je dit, n'ose pas nous dire ce qui est arrivé à ce fauteuil. Elle connaît l'attachement de Bosseigne pour lui, et le mien. Il est donc arrivé quelque chose de terrible et de définitif.
Quelque chose comme la mort, ai-je encore pensé.
La Tapissière, et maintenant il me semblait qu'il fallait une majuscule pour la nommer car elle avait eu un rôle déterminant dans la disparition du fauteuil, l'avait vendu. L'avait brûlé. L'avait détruit dans une crise de rage folle. L'avait démonté et pas su comment le remonter. L'avait tué.
La Tapissière l'avait fait disparaître. L'avait vendu?
Voilà pourquoi elle n'osait plus, n'en parlait plus, se taisait.
La Tapissière a préféré elle aussi disparaître.
Se faisant fugitive comme le fauteuil, elle a pensé que nous allions l'oublier.
Mais comment oublier le fauteuil familial, comment effacer son histoire?
C'était sans compter avec notre opiniâtre sens familial, aurais-je pu dire à la Tapissière si elle avait décroché son téléphone.
Nous avions, en tout cas Bosseigne, maintenant un atout: Joker.
Et tous nos espoirs résidaient non seulement en sa perspicacité de détective, mais aussi en son surnom et peut-être en quelque chose de tangible qui avait encore la forme d'un fauteuil.
Le fauteuil de Bosseigne.
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