Hier j’ai
appris la mort d’un ami.
Il était déjà
mort depuis plus d’une semaine. Je venais de lui envoyer un message pour
évoquer un voyage à Turin où il habitait.
Je ne sais pas
exactement ce que signifie cette mort, si ce n’est l’impossibilité de revoir
Pierre. Sauf en photo, ou dans la mémoire.
C’est lui qui
m’a appris l’expression : fare la spesa.
C’est lui qui
m’a fait sourire souvent.
Et continuer l’ascension,
dans les hauts de Saorge.
Et je n’arrive
pas à comprendre sa mort.
Ni aucune mort.
En regardant le
ciel hier soir, je me suis demandé où étaient passés tous les morts de ces
derniers temps, morts aimés, connus, ou inconnus.
La question
mille fois posée par le Petit, où est mamie Josette, son arrière grand-mère. On
n’a aucune bonne réponse.
Aujourd’hui,
c’est mon anniversaire. Du moins le jour écrit sur mes papiers d’identité. En
fait je ne suis pas née ce jour-là, mais deux jours avant.
Peut-être
est-ce pour cette raison que pendant trois jours, je me sens renaître ?
Le ciel m’a
apporté ce matin une jolie courbe neigeuse.
Et le vent est
venu ensuite.
A présent, j’ai
sept poules et un coq.
4 rousses, une
blanche, une noire, une grise.
Et un coq dont
une plume pend lamentablement de son derrière.
Une des rousses
a dû le rosser.
Pour qui se
prend-il celui-là ?
Trois œufs ramassés
ce matin.
La vie se
poursuit.
En fait, je
continue à ne pas croire à la mort.
Et puis il y a
cette difficulté à résoudre : Pierre était écrivain, pourquoi si peu
d’échos à cette mort ?
A nouveau sans
voix.
Sans issue.
J'aime bien ce texte — la mort d'un ami, le ciel, le vent, les poules, beaucoup de morts, beaucoup de vie, les chaises repliées sur la table dans la lumière de rose, de rouge et de gris — pour moi ce sont autant de réponses aux questions, même plus qu'il n'en faut.
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