jeudi 13 août 2020

Ich se demande où a disparu son nom

 Ich se demande où est passé son nom, c'est-à-dire, hum, hum, ich, io, je. 

Sa fatigue coule sur son visage, son visage coule depuis sa fatigue, Ich coule. L'été produit ce genre de phénomène chez les humains. Les animaux choisissent généralement de ne pas bouger. Rien ne les y oblige. 

Ich est en nage. En eau.

C'est dégoûtant, mais Ich continue à faire des petits paquets bien fermés sur lesquels il colle une étiquette.

Ich  s'essuie régulièrement les mains à un torchon vert. Un travail comme un autre, pense-t-il. Et il évite de se retourner pour voir comment elle le regarde. Car Ich sait qu'elle est là.

Elle, autre ich, une fatigue comme une autre.

Elle a dit devant Ich, à l'enfant qui jouait trop vite, que plus tard l'enfant serait libre mais que pour l'instant il devait.

Obéir. Ich a pensé moi aussi j'obéis. Je ne suis donc pas libre?

Donc, quel mot.

J'obéis à mon ventre par exemple. Ce qui entraîne une sorte de fatigue.

Serons-nous libres un jour de ne pas lui obéir, se demande Ich en poursuivant ses travaux matinaux. C'est comme le genre, enfin, on pourrait un peu désobéir, dire la lièvre et un araignée, ce serait bien, non?

Annie Dillard ne répond pas. Sans doute inquiète des dérives de Ich. 

Tu sautes du coq à l'âne, pourrait-elle dire.

Sagesse d'Annie : se taire.

Ou bien juste : Ich, et puis silence.

Ich se demande où a disparu sa liberté en regardant ses doigts remplis de colle. Ça pègue, pourrait-il encore dire à Annie, mais une américaine n'y comprendrait rien.

Il y a encore du travail devant Ich. Alors il faut le faire. C'est tout.



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