vendredi 18 janvier 2019

Niwaki: un mot lointain pour le Petit


Avec l’enfant, nous avons planté des arbres, deux pins d’Alep dans un pot et le troisième à côté d’un hêtre tortueux. Nous lui avons donné pour compagnie un beau calcaire riche d'un fossile, ramassé presque au même endroit que les petits arbres.

L'enfant a touché le petit pin en terre, et lui a dit de bonnes paroles, avec la pelle, a mis de l’humus que nous avions ramené, et ensuite l’a arrosé.
Je me suis demandé si l’arbre que nous avions extrait de sa terre natale du Contadour allait accepter de reprendre. J’avais lu un peu plus tôt un texte de Pierre Bergougnoux qui rappelle combien nous nous sommes coupés de toute pensée « magique ». Bercer un plant de maïs nous paraît-il de la superstition ? Sans doute. Que va penser l’enfant de ce que nous avons accompli avec la plantation des trois pins du Contadour ? Ne lui avais-je pas demandé de prononcer une phrase bienveillante pour accueillir le petit arbre exilé ? D'une terre haute à une plaine. Toujours au sud.
Son nom ne nous doit pas nous tromper, le pin d’Alep est autochtone, ce qui ne l'empêche pas d'être envahissant. N’a d’oriental que le nom. Voué à vivre peu et souvent mal. Là où nous avions trouvé les trois petits arbres, on passerait bientôt le tracteur pour agrandir la plantation de lavandes.
Plus tard, en voiture, l’enfant nous a raconté une histoire. Ses parents étaient malades, puis ils sont morts, alors il les a plantés dans un pot et a eu beaucoup de frères et sœurs. Puis il nous a donné le nom d’un arbre, Ginko biloba, dont nous avions ramassé des feuilles d’or en novembre, un arbre qu'il aime bien.
Que disait-il à sa manière du lien entre la vie et la mort, la présence et la dissémination ?
Ces derniers temps, nous avions pas mal navigué entre les livres de Pierre Lieutaghi et de Francis Hallé. Et puis il y avait ce musicien rencontré qui taille les arbres en nuages et crée un jardin extraordinaire.
Revenus en plaine, nous avons voulu à notre tour renouer avec nos plus anciens compagnons.
Et surtout relier la main du plus jeune d’entre nous à une espèce vieille de plus de 140 millions d’années.

Reste à attendre que la vie continue en pot et en terre.
Sur terre aussi.
18 janvier






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