Trop d'adjectifs dans cette phrase. J'en ai barré deux.
Nus, à conserver. Même si c'est un détail. Mais.
Ai pensé à une remarque d'une amie sur le style. Un écrivain américain dont elle et moi n'arrivions pas à prononcer le nom, et un autre, sud africain qui au contraire. Beauté d'un style. Trop, pas assez. Juste. Comme en cuisine, pour les épices, aurait pu dire mon parent, Bosseigne. Au profond de la maison il travaille.
Moi, entre la chambre et le salon, à perdre le temps qui reste.
Le jour, nous prenons rarement nos petits-déjeuners ensemble. Ayant pris l'habitude de vivre chacun de notre côté quand l'été devient excessif.
Seuls la nuit, à regarder inlassablement le ciel que découpent les feuillages.
Nous restons nez en l'air.
Quelquefois allongés dans l'herbe sur une couverture.
Quelquefois dans un fauteuil (pas celui tant attendu, toujours pas revenu).
Ou sur un hamac.
Nous parlons de loin en loin.
Bribes de ciel, bribes de mots.
Bribes de.
C'est comme cette histoire de détails, ai-je pensé en regardant une étoile sur la page.
Tu as vu une étoile filante? a demandé Bosseigne.
Cette nuit, oui, dans le cadre de la fenêtre ouverte.
Et alors?
Rien, je pensais à la nécessité de mettre un adjectif avec fenêtre.
Marmonnement indistinct de Bosseigne.
La beauté, ai-je repris. A cause du style.
Heureusement que la température baisse la nuit.
Oui, mais le problème, lui, demeure.
Si tu précises les pieds nus, c'est que ce détail a son importance, non?
Oui, ou plutôt je ne sais pas. J'avais en effet les pieds nus. Et la fenêtre était ouverte.
C'était qui, cet écrivain à adjectifs?
Je ne sais plus, un américain, oui, pas du genre Hemingway.
Faulkner utilisait beaucoup d'adjectifs?
Je ne crois pas. Non. Mais Proust oui et pour moi il compte.
Alors, c'est comme la soie et le lin.
Dans les textes?
Non, les tissus. Il faut savoir construire un cercueil de lin ou une montgolfière de soie.
Tu embrouilles le sujet dans des fils à couper le beurre!
Croque le marmot, ça ne mangera pas de pain!
Nous avons ri. Presque en silence. A cause de.
La nuit.
De cette peur de déranger les étoiles.
Celles de Schuman comme celles de Sebald.
Celle de ma fenêtre aussi.
Filante.
Donne-moi de la beauté.
A dit ma mère avant de mourir.
Et dans le cloître sans dieu
sa présence tourbillonnait
comme foudre.
Elle, l'invisible.
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