jeudi 10 décembre 2020

Le livre en feu

6 Un livre rouge allume-t-il l’incendie ? Le peut-il encore si longtemps après Mao ? La marche dans les montagnes apaise ce genre de questions. La douleur du corps efface celle de l’esprit. Et plus on avance, moins on a envie d’arriver. Surtout si le retour est au bout du chemin, une fois arrivé ne reste qu’à repartir. Voyage ennuyeux, celui du retour ? Souvent. Pourtant il faut revenir. Parce qu’on nous attend, parce que la nuit tombe vite en hiver. Se donner des règles est une chose étrange aux yeux de certains. Pourquoi écrire de telle à telle heure, manger à heures fixes, dormir la nuit ? Lorsque le marcheur se retourne pour voir le trajet parcouru, il est souvent joyeux d’être revenu à son point de départ et fier d’avoir accompli la marche projetée. Est-ce le cas quand on lit ? Bizarrement le lecteur arrivé à la fin du livre ne revient pas sur ses pas. Ou rarement. Il arrive que le marcheur refasse sur une carte l’itinéraire qu’il avait choisi. Suivant du doigt sur le papier ses découvertes et les accidents de parcours. Le lecteur ? Plus paresseux que le marcheur, il referme le livre et passe à autre chose. La neige éteint le livre en feu.

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