vendredi 29 décembre 2017

Je voyais le bonhomme au petit chapeau rond, mon Walser de poche, à grandes enjambées cueillir sa propre mort.

Matin clos comme un oeil malade.
Celui du Petit, l'hiver dernier, clos par maladie avait fait de lui un exilé.

Et le poème ressurgit.
Celui noir de Valente. 
Mais aussi celui de Lorca.
  
Je viens pencher ma tête
à la fenêtre et vois
que le vent de sa lame
essaie de la couper. 

La liste des condamnés à la guillotine lue un matin me revient.
Une liste étrangement précise: l'âge, l'origine, le crime et surtout le matin de l'exécution.
On a le nom du bourreau et l'attitude du condamné, parfois courageux, parfois terrifié, certaines fois frondeur jusqu'au bout.

Drôle de liste. La connait-il, l'ami Bretonnière?

Dans cette guillotine
invisible, je mets
les têtes sans prunelles
de tous mes désirs, tous.
 
Un parfum de citron
emplit l'instant immense,
cependant que le vent
s'évase en fleur de gaze.

De s'évaser en s'évader, on y est presque.
Fuir, disait l'un. Cabane, précisait un autre.
On y allait de forêt en forêt.
Je voyais le bonhomme au petit chapeau rond, mon Walser de poche, à grandes enjambées cueillir sa propre mort.

Or c'était la mer qui ouvrait la grille et laissait passer le vent. La mer. Seulement?
La neige aussi ou le ruban gris d'une route avec, marchant gracieusement, un oiseau.
Ni mon frère, ni mon double.
Un héron à la démarche curieusement mécanique et délicate.
Histoire d'enfant, dit le livre posé sur la table.
Nous en avons beaucoup.
Des grands et des petits, des noirs et des blancs.
Enfants de toute sorte.
Poèmes aussi, et la mer, dont nous attendons tout.
La survenue des miracles, par exemple.
Pou ce bout d'an que nous voulons neuf?
Un deux trois six neuf, compte le Petit.
C'est ça?
Oui.




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