Et la mer, pourrais-je ajouter.
Et un chien aux oreilles longues et blondes.
A Bosseigne parti pour des entretiens relatifs à sa thèse, je n'écrirai rien.
Pas cette fois, non. Trop d'hiver, trop de fatigue.
Et puis Noël m'avait amené avant l'heure une avalanche de cadeaux.
Bribes, brimborions, restes, débris.
Laissées. Fumées.
Que cette nuit le chien avait flairés.
Bon sang ne saurait, aurait dit B.
Moi, je ne dirai rien.
A part ce que laisse la mer, je ne ramasse pas grand-chose. Ni ne flaire.
La mer.
Et ce début sur la plage, ce début d'écume qui entraîne.
Et les idiots en bande qui se serrent les uns contre les autres.
A cause du vent. Des mouettes. Des risées sur l'eau.
Un s'attarde. Me sourit. Le chien n'est pas avec moi.
Pourtant le vieil enfant est content. De me voir. De voir la mer.
Un phare éclaire encore la jetée et le large.
Des vieux pêcheurs sont là, ensemble. A faire rien.
M'interpellent en riant. Où est votre coeur, demande l'un.
A gauche, je réponds en riant et m'en vais, jambes longues, tête en l'air.
Un corps, donc.
Quand la mélancolie me prend, je prends la mer, écrit Ismaël, écrit Melville, au début de de Moby Dick.
Et la mer calme toutes les inquiétudes.
Comme aujourd'hui, me suis-je dit avant-hier, au Grau du Roi.
Et j'ai ramassé sur les plages des bouts d'autres vies, coquillages, tessons, ronds de verre usés, arapède polie jusqu'à n'être plus que nacre idéale.
Les français pour ce coquillage disent patelle.
Mon père m'a appris à pêcher dans les calanques du Rove à Marseille, mais nous ramassions les arapèdes à La Ciotat.
Et on disait que j'étais collante comme une arapède.
Ici la langue se dénoue, ma mère la langue disait, pégueuse comme une arapède.
Tessons de mots.
Maux tus. Motus.
Nom de ma mère.
Après, on tire le rideau.
A moins que ce ne soit radeau.
Et là, à nouveau la mer.
Pour tuer toute mélancolie.
Rejoindre Ismaël.
En hiver, juste avant le solstice.
samedi 13 décembre 2014
jeudi 11 décembre 2014
Ecrit dans la fièvre, et en lisant la bible...
« L'enfant partit avec
l'ange, et le chien suivit derrière »
depuis peu un chien habite avec moi son odeur nous
poursuit
un chien roulé dans la boue de jour comme de nuit
un chien noir un chien roux un chien feu
ours parfois aux yeux bleus
parfois renarde aux yeux gris
une vie avec chien
une vie sans chien
je voudrais nécrire comme lui
je voudrais nécrire qu’avec lui
une histoire qui suit son chemin
comme lui
avec
les mots que les gens entendent
et que je
n’entends
qu’en marchant
comme lui
rêvant au ras de l’herbe
faisant du nomadisme
une manière
d’en finir
exerçant le corps
à la pratique
du surplace
des collines
en fait ce chien ce n’est pas moi la police le poursuit
je le cache ici
et personne ne le retrouvera ni ne le mettra en fourrière
pour rire
le chien me sauvera du pire nos os le régaleront et tout
le monde
le croira quand il dira c’est moi qui l’ai sauvée cette
femme égarée
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